Bio, biodynamie, méthode nature... qu'èsaquo ?

Bio, biodynamie, méthode nature... qu'èsaquo ?

Mis à jour le 12 octobre 2021

Pour accéder à ces savoureux instants de dégustation qui nous tiennent tant à coeur, il a bien fallu qu'un vigneron mette la main à la pâte. Aujourd'hui, on va voir que tous ne mettent pas les mains dans la même et qu'il existe différents modes de culture de la vigne. Entre le bio, la biodynamie ou encore les vins "natures", cet article vous permettra de mieux comprendre ce qui se joue derrière l'étiquette !

 

Agriculture conventionnelle

Dans le cadre de ce mode de culture, également appelé traditionnelle, le principe est simple : ce qui n'est pas interdit est autorisé. Il n'existe aucun signe de reconnaissance de ce mode de viticulture, ni label, ni cahier des charges. En agriculture conventionnelle on autorise tous les produits phytosanitaires, aussi bien naturels que chimiques. Les parcelles sont traitées dès qu'elles ont un problème. Parmi les raisons de traiter un vignoble, on peut lister les maladies de la vigne, les ravageurs ou encore les adventices.

 

Agriculture raisonnée

En agriculture raisonnée, on ne traite que lorsque c'est nécessaire. Proche de la viticulture biologique, ce mode de culture tend à réduire au maximum les produits phytosanitaires pour le respect de l’environnement et de la santé. Son objectif est de renforcer l’impact positif des pratiques agricoles sur l’environnement sans remettre en cause la rentabilité économique des exploitations. Rien n'est écrit mais les viticulteurs doivent être en mesure de légitimer un besoin lorsqu'ils appliquent un traitement sur leurs vignes. Afin d'obtenir un des labels d'agriculture raisonnée comme Terra Vitis, HVE (Haute Valeur Environnementale) ou encore Agri-Confiance, les vignobles passent par des audits qui jugent de leur bonne foi. Chacun des labels a un cahier des charges qui lui est propre. D'ailleurs, Terra Vitis est le plus restrictif.

 

Agriculture biologique

En agriculture biologique, les contraintes commencent à la vigne et se terminent à l'embouteillage. On n'a le droit de traiter la vigne qu'avec des produits phytosanitaires d'origine naturelle. Malgré ce qu'on peut en penser, tout ce qui est naturel n'est pas forcément bon. Si on prend l'exemple du cuivre, utilisé en bio pour protéger des maladies, celui-ci a la particularité de stériliser les sols. Avant d'espérer obtenir la certification bio, il faut passer par une période de conversion de 3 ans durant laquelle le vignoble est suivi par un organisme : Ecocert, Agrocert ou Certipaq Bio. Cet organisme s'occupe de faire respecter les règles et d'accompagner la transition vers le label français AB ou européen Eurofeuille. Dans le cadre de cette certification biologique, on va retrouver d'autres modes de culture plus singuliers. Ces derniers sont également assujettis aux contraintes de l'agriculture biologique mais vont encore plus loin sur certains points. Il existe même des vins vegan !

On vous explique tout ça en dessous !

 

Agriculture biodynamique

S'il y a bien une notion de la biodynamie à retenir, c'est l'équilibre du vivant. Quand on pratique la biodynamie, le principe est simple : on ne détruit jamais, on aide. Ce principe, c'est à Rudolf Steiner, célèbre théoricien autrichien, qu'on le doit. Aussi récente que puisse paraitre la biodynamie, c'est dès 1924 que le philosophe en a amorcé l'approche. Travailler en biodynamie, c'est favoriser la vie dans les sols et les cultures. Pour ce faire, on ne traite jamais les sols mais on les renforce en appliquant des préparats comme la corne de bouse (obligatoire en biodynamie). Pour travailler en biodynamie, il est également obligatoire d'utiliser la dynamisation. Cette opération consiste à approfondir l'interpénétration des éléments d'un produit dans de l'eau. On crée un vortex en mettant une préparation, constituée d'eau et d'un produit, en mouvement dans un sens puis on casse ce vortex en tournant brusquement dans le sens inverse. Cela s'inspire de l'idée que, dans la nature, une eau vive est beaucoup porteuse de vie qu'une eau stagnante. Certains puristes vont même jusqu'à procéder à cette opération avec de l'eau de pluie, parfois même à température du corps humain. D'autres pensent qu'il est nécessaire de la pratiquer à la lumière du jour et dans un récipient fait en matériau considéré comme noble : la poterie, le fer émaillé, le cuivre ou encore le verre.

Maintenant, abordons le calendrier lunaire.

En biodynamie, on se base sur le calendrier lunaire pour décider des tâches à effectuer. Dans ce calendrier, il y a des noeuds lunaires et quatre types de journées qui correspondent aux éléments sur lesquels on peut travailler : racines, fleurs, fruits et feuilles. Durant les noeuds lunaires aucune action n'est entreprise, ni sur la vigne, ni sur le vin.

Il existe deux labels qui certifient l'agriculture biodynamique : Demeter et Biodyvin.

 

La Méthode Nature

Ces vins dits natures, qui font tant parler d'eux ces dernières années, n'ont en fait rien de bien nouveau. Ce sont des vins qui sont vendus et consommés depuis plus de 8000 ans. Tout ce qui a changé, c'est l'obtention d'un label officiel en février 2020 ! Vous nous direz, après tous ces millénaires, il était temps ! Pour être exact, il existe deux labels : Vin Méthode Nature sans sulfites rajoutés et Vin Méthode Nature moins de 30mg/L total de sulfites.

Maintenant que l'on sait qu'ils sont labellisés, on peut légitimement se demander quelles sont les contraintes qui permettent d'accéder à ce fameux label. Que contient véritablement notre verre quand on déguste un Vin Méthode Nature ? La charte d'engagement officielle du Syndicat de défense des vins naturels impose douze critères pour l'obtention et le maintien du label. Parmi les obligations qui ont un impact sur le produit, on retrouve :

- 100% des raisins doit être issus d’une agriculture biologique engagée et certifiée.

- Les vendanges sont manuelles.

Les vins sont vinifiés uniquement avec des levures indigènes.

Aucun intrant oenologique ne peut être ajouté.

Aucune action de modification volontaire de la constitution du raisin n’est autorisée.

Aucun recours aux techniques physiques brutales et traumatisantes (osmose inverse, filtration, filtration tangentielle, flash pasteurisation, thermovinification, centrifugation) n’est permis.

Aucun sulfite n’est ajouté avant et lors des fermentations, ni dans les pieds de cuve. Il est uniquement possible d’ajuster, dans la limite de 30 mg/l, pour le vin fini.

- Le label est attribué chaque année et pour chaque cuvée après contrôle interne du Syndicat et sur la déclaration sur l’honneur de l’adhérent.

 

– En résumé

Aucun mode de culture de la vigne n'est un gage de qualité, il s'agit simplement de différentes contraintes que les viticulteurs s'imposent pour créer un produit le plus représentatif de leur philosophie.